Photographe

Thomas Appolaire

Photographe, Réalisateur

Paris

Thomas Appolaire - Les Autodidactes
Credit: Cassandre Ostier

Photographe, Réalisateur et Comédien, Thomas commence une licence qu'il ne terminera pas. C‘est en utilisant l‘appareil photo de son père qu‘il tombe amoureux de la photographie argentique. Curieux et observateur, c‘est sur le terrain qu‘il expérimente, qu‘il s‘épanouie et surtout qu‘il développe sa volonté d‘oser au quotidien. Retour sur le parcours d‘un passionné d‘images.

Hello Thomas. Tu es photographe et réalisateur autodidacte (entre autres). On te laisse te présenter ? Quel est ton parcours ?

Je suis né en 1986, et je suis né et j'ai grandi dans le 13e arrondissement de Paris. J'ai passé une bonne partie de mon temps à ne pas trop aimer l'école parce que j'étais interessé par le théâtre. Je voulais devenir comédien, je me suis tourné vers la photographie argentique à 15 ans avec l'appareil photo de mon père et j'ai continué d'apprendre quand j'avais de quoi me payer plus de pellicules et que je ne faisais pas développer mes pellicules au supermarché. En réalisation, j'ai commencé à pouvoir en faire plus et mieux après l'arrivée des boitiers 5D j'avais déja fait des courts métrages en mini DV mais c'était assez galère à mettre sur l'ordi. Ça demandait des moyens que je n'avais pas. J'ai vraiment tout commencé en même temps même si je ne me suis pas professionnalisé au même moment.

Quel est, pour toi, la définition d’être autodidacte ?

Être autodidacte, c'est ne jamais penser que l'on sait. Il y a toujours quelque chose à apprendre. C'est une sorte de quête de toujours plus de savoir, toujours plus de compétences.

A quel niveau d’études t’es tu arrêté ? Qu’est ce qui t’a poussé à être autodidacte dans ton milieu ? C’est un vrai choix au final ?

Je me suis arrêté en cours de Licence après ma 2ème année en fac d'études théatrales. J'ai arrêté parce que je ne m'y retrouvais pas. À chaque créneau de cours de plus de 2h je me disais que je pourrais utiliser ce temps à tourner un film ou faire des photos. Finalement j'ai passé 1 an à bosser dans un bureau pour me permettre de créer en dehors. Et j'ai pû bosser ensuite dans le théatre et me former sur le terrain, tout en étant rémunéré. C'est comme ca que jai continué à me former à la photo argentique et à l'image en parrallèle. Au final c'est plutôt une méthode qu'un choix, je n'avais plus la Fac donc il fallait que je bosse. J'ai trouvé du boulot dans un domaine qui m'intéressait et je me suis formé en pratiquant. Pareil en photo et en réalisation. Autodidacte finalement c'est beaucoup de pratique.

Comment as tu fait (ou fais tu) pour apprendre seul ?

J'ai beaucoup appris au contact des gens, en photographie argentique il y a beaucoup d'échanges. Sinon en étant très attentif et observateur. J'ai capté des trucs techniques sur les tournages quand je faisais de la figuration, parce qu'en étant figurant, on passe beaucoup de temps à attendre. Je ne discutais pas trop, j'observais comment l'équipe image fonctionnait, quelle caméra et lumière ils utilisaient etc...

Quels sont les aspects positifs et négatifs que tu as ou que tu rencontres quotidiennement dans ton parcours, en tant qu’autodidacte ?

Le côté négatif est beaucoup plus présent que le positif, c'est vraiment le manque de légitimité, l'impression de jamais ètre assez "bon" pour les boulots proposés ou que je visais. D'ailleurs il y a plein de projets auxquels je n'ai pas postulé estimant que je n'avais pas la compétence. Quand t'es autodidacte il y a toujours ce sentiment que tu n'as pas assez appris ou que tu as encore plein de choses à apprendre alors tu te considères jamais vraiment comme "formé"". Le côté positif aujourd'hui c'est que je sais mieux "oser" parce que ça fait plus de 10 ans que je bosse et si je n'étais pas assez bon je ferais autre chose, et il m'arrive aussi de croiser des gens qui ont fait ci ou ca comme école et que je trouve pas très efficaces débrouillards ou competents parfois. En photographie argentique, le plus difficile ce sont les gens pour qui tu fais des photos qui pensent que le rendu n'est pas sûr... Alors que bon je n'ai pas raté de photos depuis un moment et qu'il y avait des photographes bien avant le numérique... Et là le fait de pas être passé par l'école... C'est difficile d'être assuré sans paraître pretentieux parce que l'école "elle dit de toi", alors qu'autodidacte "tu dis de toi".

Quels sont, selon toi, les aspects positifs et négatifs à ne pas faire de grandes écoles / des études poussées ?

Dans mon parcours le négatif c'est la confiance en soi, et la validation de la societé. Mais à la limite ça se travaille. Les aspects positifs de pas être passé par les écoles c'est d'avoir participé à pleins de projets et d'avoir appris sans m'en rendre compte, chaque nouvelle compétence est acquise en réponse à une problematique concrete donc tu oublies presque que tu as appris quelque chose; Tu as juste trouvé une solution à un problème. Et aussi de ne pas être trop formaté ou exigeant, il y a un côté tout terrain dans l'autodidacte et ça j'aime bien.

En tant qu’autodidacte, est-ce que tu as (ou a eu) la sensation de te lancer dans la conception de quelque chose de vertigineux/ambitieux, justement, pour palier au manque de diplômes (et te démarquer) ?

J'ai toujours un peu l'impression de voir à la baisse mes projets, par exemple en photographie je n'ai jamais réussi encore à me considérer comme auteur photographe, je me définis plutôt comme enthousiaste... En réalisation, j'ai réalisé mes courts métrages avec une faible ambition à destination du web uniquement... Par manque de confiance je pense. J'ai pu réaliser des formats courts pour des agences ou autres mais ce n'etait pas mes projets, et souvent avec un petit budget.

Est-ce qu’il y a quelque chose que tu n’as pas pu faire à cause du manque de diplômes ou au contraire, pas du tout ?

Non j'ai tenté la Fémis parce que j'ai quand même tenu 2 ans à l'université c'est le seul concours que j'ai fait. Je n'ai pas passé le 1er tour. Je me suis aussi rappelé une phrase par rapport aux concours des écoles, c'est que souvent on ne cherche pas forcément les meilleur.e.s, mais celles et ceux avec qui le fonctionnement de l'école matcherait avec les personnes sélectionnées pour y entrer. Je trouve que c'est important à savoir pour celles et ceux qui ne sont pas pris.e.s ce n'est pas qu'il faut arrêter, c'est juste qu'il faudra le faire autrement.

Enfant ou adolescent, étais tu déjà attiré par le(s) métier(s) que tu exerces maintenant ?

Enfant je voulais être comédien, Adolescent Photographe puis Comédien, et Réalisateur, je fais les 3 aujourd'hui, pas exactement comme je l'imaginais mais oui j'avais que ça en tête, quand on me demandait "et si ça ne marche pas ?" je répondais que je ferais en sorte que ça marche.

Penses-tu que ce que tu as vécu dans ton enfance-adolescence t’a aidé à avoir ensuite un parcours atypique, sans diplôme, ou pas du tout ?

J'ai eu des personnes dans mon entourage comme mes profs de théatre ou mes frères qui m'encourageaient dans ce que je faisais. Mon père lui voulait que j'ai le plus de portes ouvertes pour pouvoir choisir ce que je veux faire, et d'une certaine manière j'ai fait petit à petit je suis resté patient et déterminé.

À l’école, est-ce que tu t’es senti bien conseillé en terme d’orientation d’études ?

Le seul RDV que j'ai eu avec la conseillère d'orientation en 3ème a été phénoménal. Je lui ai dit que je voulais être comédien elle m'a dit qu'elle pense qu'il n'y a pas besoin du bac pour ça... Et quand je lui ai dit que j'aimerais faire un CAP Photographie, elle m'a dit que vu mes notes c'était gâcher mes capacités... Complexe de l'élève moyen. Je me suis donc trainé jusqu'en bac commerce pour aller en fac de Théatre.

Pour toi, comment sont vus les autodidactes en France ?

En France, on considère assez mal les autodidactes, depuis pas longtemps parce que je repense à mes parents qui ont trouvé du boulot dans des secteurs sans y être formés. Moi-même je trouvais le terme autodidacte prétentieux quand j'étais adolescent. Il y avait un côté "qui n'a besoin de personne" qui fait peur je crois, surtout que ça vient bousculer les certitudes rassurantes que l'on peut avoir quand on a bien suivi le parcours tracé. Alors qu'en réalité face à un autodidacte y'aurait moins d'esprit de concurence qu'entre 2 personnes qui sortent d'école.

Un mot de la fin ?

Le premier projet d'envergure dans lequel je me suis lancé récemment c'est avec mon collectif Quinze Mètre Carré, c'est une web série qui s'appelle Coupez ! qu'on a fait en auto-production en indépendant et c'est un projet où on était 20 personnes sur le tournage. Je n'aurais jamais mobilisé à moi seul autant de monde pour un court-métrage mais comme on a écrit et réalisé à 3, on a pu se sentir plus fort pour mener le projet jusqu'au bout. Aujourd'hui on diffuse la série sur Youtube et on cherche à faire produire une saison 02 ! À bon entendeur !