Hugo Barriol

Hello Hugo, tu es auteur compositeur et interprète. Tu as sorti ton premier album « Yellow » en Février 2019, On te laisse te présenter ? Quel est ton parcours?

Je m’appelle Hugo Barriol, je suis auteur compositeur interprète, très bonne déduction Bboy ;). Je suis originaire de Saint-Etienne et j’ai 30 ans. Je fais de la musique depuis tout petit. J’ai commencé par la batterie, mon père avait un groupe et il répétait dans la cave. C’était facile de prendre des baguettes et jouer. J’ai fait ça très longtemps tout seul, puis à 18 ans j’ai eu mon premier groupe, premières compositions, concerts et après 2 ans j’ai eu envie de créer des mélodies, de chanter. Donc j’ai commencé à apprendre la guitare mais très lentement, j’ai commencé en écrivant mes propres chansons direct, trop fainéant pour apprendre celle des autres en vrai. J’ai enchainé les petits boulots puis j’ai eu envie de prendre l’air. Je suis parti en Australie, j’ai voyagé, commencé à jouer dans le métro à Sydney pour me faire quelques sous, composé quelques titres puis après un an j’ai eu envie de rentrer à Paris et me bouger pour une fois dans ma vie, me mettre à fond dans quelque chose donc je suis allé jouer mes compositions dans le métro à plein temps du lundi au vendredi, 4-5h par jour. J’ai rencontré ma maison de disque Naïve, sorti un EP en 2017, puis l’album en 2019 que j’ai enregistré à Londres.

À quel niveau d’études t’es tu arrêté ? Qu’est ce qui t’a poussé à être autodidacte dans le monde de la musique ?

J’ai eu mon « bac professionnel, vente/représentation » mention bien ;) puis j’ai arrêté les études tout de suite après. J’ai commencé la batterie tout seul quand j’étais petit, personne ne m’a montré. C’est moi tout seul qui allais dans la cave, prenais les baguettes et jouais tout seul. Et ça a été pareil pour la guitare, j’ai un ami qui m’a montré les premiers accords puis j’ai travaillé tout seul dans mon coin pour jouer. Quand j’ai commencé à écrire je l’ai fait au feeling comme tout le reste. Et la j’essaie d’apprendre le piano en solo aussi. Je suis plutôt impatient donc je dois aller à mon rythme dans l’apprentissage, si je me sens oppressé ça ne marche pas, j’ai toujours eu un problème avec l’éducation « scolaire » je préfère le faire au feeling donc c’est pour ça que je suis autodidacte.

Tu as l’air très autonome et indépendant dans ta manière de créer. Est ce que tu sens que c’est apprécié ou au contraire, pas toujours bien vu dans le milieu de la musique ?

C’est vrai que quand je compose c’est tout seul que je le fais. Je n’ai pas encore trop eu d’occasions ou l’envie de le faire avec d’autres personnes. Ensuite quand je suis en studio pour l’enregistrement c’est différent car il y a un prod, des musiciens donc là on partage la finition. Le label a une place importante aussi, que ce soit sur les musiques que l’on choisit, les clips. Je n’ai pas rencontré beaucoup de monde dans le milieu de la musique. Je suis assez timide donc pendant longtemps je suis resté dans mon coin, mais cette année seulement je me suis vraiment ouvert et ça fait du bien, j’ai provoqué des rencontres. J’ai l’impression que c’est apprécié d’être indépendant.

Quels ont été les aspects positifs et les aspects négatifs que tu as pu rencontrer dans ton parcours, en tant qu’autodidacte ? Pour toi, quelles sont les qualités d’un autodidacte comparé à quelqu’un qui a suivi un parcours plus classique ?

En fait je ne pense pas qu’il y ait du négatif. À la fin on avance on apprend et c’est que du positif pour moi. Les qualités en autodidacte c’est que tu apprends à t’écouter, t’as pas le choix, t’es tout seul! Tu apprends à sentir ce que ton corps, ton cerveau t’envoie, comment tu ressens les choses qui t’entourent, comment tu es touché par un film, un mot, une mélodie et qu’est ce que tu en fais. Pour pratiquer ton art c’est le plus important, personne ne va pouvoir te dire ce que tu ressens réellement au fond de toi. Ça prend juste beaucoup de temps tout ça et il n’y a pas un parcours, il n’y a pas une vérité.

Quels sont, selon toi, les aspects positifs et négatifs à ne pas avoir fait d’école dans ton domaine ? Est ce qu’il y a des écoles reconnues par l’Etat dans ton domaine, ou pas tant que ça ?

Vu que je n’ai jamais voulu faire d’école, je ne sais pas s’il y en a beaucoup mais le conservatoire sûr! Ça m’a pris probablement beaucoup plus de temps pour apprendre à jouer de la guitare, de la batterie, de chanter sans cours, sans connaissances de la théorie et je serais sûrement meilleur musicien si j’étais passé par là. L’aspect positif c’est que je sais que c’est possible d’y arriver tout seul et pour moi ça vaut de l’or. Il n’y a pas de limite, du coup tu peux faire ce que tu veux, tout est possible.

Y a-t-il eu un événement marquant / un déclic / l’aide d’une personne (…), qui t’a permis de te lancer dans ce que tu fais aujourd’hui ?

Il y a eu un avant et un après quand je suis parti voyager en Australie. Mais c’est la combinaison de 2 choses qui m’ont permis de me dire ok je suis prêt maintenant, ça va le faire. C’est en étant loin, en ayant pris le temps de prendre du recul sur ma vie à 24 ans que j’ai réalisé que je ne m’étais jamais donné les moyens d’aller au bout de quelque chose et qu’il était temps de le faire. La 2ème chose c’est une rencontre, qui m’a permis de prendre confiance en moi, et de me sentir porté.

En tant qu’autodidacte, est ce que tu as déjà eu la sensation de t’être lancé dans quelque chose de vertigineux/ambitieux, justement, pour palier au manque de diplômes ?

Non je n’ai pas essayé de compenser en me lançant des challenges vertigineux. Mais je sais que par mon manque de connaissances j’ai pu me sentir illégitime en tant qu’auteur/compositeur/interprète. Je ne peux pas lire la musique, ni l’écrire et pourtant c’est mon métier aujourd’hui. Je ne l’ai pas appris parce que j’ai toujours réussi à faire de la musique sans la connaître et que je reste quand même trop fainéant aujourd’hui pour l’apprendre. Mais je l’assume maintenant donc c’est beaucoup plus simple.

Est ce qu’il y a quelque chose que tu n’as pas pu faire à cause du manque de diplôme ?

Non pas vraiment. Je fais ce que je veux ma gueule!

Enfant ou adolescent, étais tu déjà attiré par le métier que tu exerces maintenant ? Penses tu que ce que tu as vécu dans ton enfance-adolescence t’a aidé à avoir ensuite un parcours atypique, sans diplôme, ou pas du tout ?

Alors oui dès petit j’étais attiré par l’envie d’être musicien. Mais pour moi ce n‘était pas un « métier » c’était juste quelque chose qu’on faisait parce qu’on aime ça. Quand j’étais petit je me disais « si je joue assez bien de la batterie je pourrais devenir le batteur du groupe de mon père ». Ensuite à mon entrée au collège on nous a demandé d’écrire ce qu’on voudrait faire à 20 ans, j’avais répondu « être dans un groupe de musique ». Mais on ne m’a jamais dit « si tu veux faire ça dans ta vie c’est possible ». L’école c’était dur pour moi, j’aimais vraiment pas ça donc faire des études, avoir un diplôme ça n’a jamais été un objectif. Et évidemment suivre les règles, l’apprentissage classique avec des cours, même pour la musique ce n’est pas vraiment possible pour moi.

A l’école, est ce que tu t’es senti bien conseillé en terme d’orientation d’études ?

Franchement pas, à aucun moment (dans mes souvenirs) quelqu’un a cherché à creuser, à vraiment savoir ce qui pourrait me plaire. Et je pense que les métiers de « l’art » en général n’étaient pas mis en avant. C’est toujours une orientation vers des études de commerce, économie, droits « métiers d’avenirs »!! C’est bien dommage de ne pas dire à un enfant, ado que s’il aime le dessin, la musique, le cinema etc… que c’est possible d’en faire un métier et non un truc que tu fais juste le mercredi après midi.

Pour toi, comment sont vus les autodidactes en France ?

Pour le moment, de ma propre expérience, je pense que les autodidactes sont plutôt bien vus. Et parce que je suis autodidacte je respecte beaucoup les gens qui suivent des études parce que j’ai pas su le faire, mais ça rajoute quand même quelque chose quand tu es autodidacte, c’est genre « ah oui t’as appris tout seul ?», « Et oui bro » !

Un mot de la fin ?

C’est important de s’ouvrir, l’inspiration vient en rencontrant des personnes différentes, des musiques différentes, il faut voyager, il faut prendre des risques, il faut s’écouter, suivre son instinct, ne pas essayer de plaire à tout le monde, travailler beaucoup dans ce que tu aimes, respecter les gens, profitez de la vie, chaque jour est un jour gagné, se dire que tout est possible. Et moi j’ai envie de m’écouter d’avantage, arrêter les petites concessions concernant mon art, envie d’être fier de ma musique à 200%, réaliser un clip, faire plus de concerts, voyager, faire voyager ma musique, être heureux et garder les gens que j’aime le plus longtemps possible. Next step, concert au Café de la danse, Paris, le 30 novembre, objectif, faire complet et prendre mon pied!