Réalisateur

Belal Belmahdi

Réalisateur

Chalon-sur-Saône

Belal Belmahdi - Les Autodidactes

Le parcours de Belal Belmahdi annonce de suite la couleur: il veut faire bouger les choses et réaliser ses rêves depuis toujours. Réalisateur autodidacte, Belal ne trouve pas sa voie dans les études et décide alors de faire quelque chose de plus grand qu'un diplôme: il crée sa propre association "Cité Créatif". Une association qui a pour but d'aider les jeunes et les gens de sa ville (Chalon-sur-Saône) à réaliser des films, afin de favoriser l'accès à la culture pour tous et pour dynamiser les activités dans la ville. Une manière de nous rappeler sans cesse que Paris n'est pas le centre de la France et que des gens s'activent tous les jours, dans différentes villes, pour motiver les jeunes à créer et s'écouter. Belal s'est créé son propre métier et univers.
Nous avons voulu lui laisser la parole.

Hello Belal, tu es très engagé dans ta ville et dans l’associatif, tu es autodidacte dans le cinéma, pourrais-tu te présenter ? Quel est ton parcours ?

Je suis né en Algérie et je suis arrivé en France à l’âge de 9 mois, j’ai été élevé par mes grands parents, mes parents ainsi que mes frères et sœurs qui sont toujours en Algérie. Je me suis beaucoup renfermé durant mon enfance j’étais quelqu’un de très introverti, très timide. Je n’osais pas déranger, je ne faisais qu’observer le monde qui m’entourait. J’ai beaucoup souffert au collège avec les autres élèves, je me faisais beaucoup marcher dessus, j’ai travaillé ma patience, et je me suis promis de me venger grâce à ma réussite.

À quel niveau d’études t’es tu arrêté ? Qu’est-ce qui t’a poussé à être autodidacte dans le cinéma ?

Je me suis longtemps cherché, j'ai été curieux de savoir ce que je pouvais faire de ma vie, j'ai passé un bac STI sans réellement savoir ce que je voulais, puis je suis allé à l'université pensant trouver mon bonheur mais rien ne me correspondait. Puis après avoir enchaîné plein de petits boulots, j'ai décidé en 2015 de réinventer ma vie, j'ai réalisé que je devais moi-même créer mon propre bonheur.

Quels sont, selon toi, les aspects positifs et négatifs à ne pas avoir fait d’école de cinéma ?

L’aspect négatif de pas avoir fait d’école, c’est le manque de contact. Dans une école tu as forcément des potentiels futurs collaborateurs. Mais l’aspect positif c’est que j’ai été libre, je n’avais pas de contrainte, quand j’apprenais quelque chose, je savais que c’était essentiel pour mes futurs projets, donc je n’avais pas cette impression que l’on m’avait imposé certaines choses. L’apprentissage a été plus clair.

Par rapport à ceux qui sont sortis de grandes écoles, est ce que tu t’es senti en décalage, à un moment donné de ta vie, ou, au contraire, pas du tout ?

J’ai un manque cruel de confiance en moi, que j’essaye de travailler chaque jour. Mais je progresse et je suis content. Au départ je me comparais énormément, je me disais qu’une personne qui a fait une grande école sera forcément meilleure que moi. Mais avec le temps j’ai compris qu’il ne fallait pas penser à ça, qu’il fallait penser à collaborer. Si quelqu’un est meilleur je vais plutôt chercher à bosser avec lui pour qu’il m’apprenne certaines choses et en retour lui apprendre ce que j’ai appris. J’ai aussi compris que le cinéma ce n’était pas des maths, il n’y a pas une seule vérité. Chacun a sa vision, chacun a sa façon de raconter, du moment que j’arrive à transmettre l’émotion que je veux : c’est l’essentiel.

Y a-t-il eu un événement marquant / un déclic / l’aide d’une personne (…), qui t’a permis de te lancer dans ce que tu fais aujourd’hui ?

Oui, en 2014! Je travaillais en tant que chauffeur livreur je faisais 50h par semaine, en même temps j’étais au centre de formation d’athlétisme donc je m’entraînais quand je pouvais, le week-end je ne me reposais pas non plus. Puis un jour, avec la fatigue accumulée je me suis endormi au volant. J’aurais pu y passer... Mais j’ai appris une chose essentielle à ce moment là ! Que nous avons qu’une vie, et que je devais me donner corps et âme pour réaliser mes rêves ! Des le lendemain j’ai commencé à apprendre le cinéma, les techniques, à regarder des films, à m’inspirer ! Je n’avais qu’une chose en tête : réussir à être celui que je veux être !

En tant qu’autodidacte, est ce que tu as déjà eu la sensation de t’être lancé dans quelque chose de vertigineux / ambitieux, justement, pour pallier au manque de diplôme ?

Oh oui ! Quand j’ai vu ce qui m’attendait j’ai eu peur, mais j’étais tellement énervé contre moi même, je me suis regardé dans le miroir et je me suis parlé, ça peut paraître fou mais je me suis convaincu ! J’étais un sportif dans l’âme, j’avais cette mentalité de champion, j’avais cette envie de bien faire.

Est ce qu’il y a quelque chose que tu n’as pas pu faire à cause du manque de diplôme ?

C’est ce que je pensais au départ, je n’avais que le bac et j’avais peur! Mais la directrice de l’université m’a fait comprendre que j’avais du potentiel et qu’on pouvait réussir sans forcément avoir de diplôme, qu’il fallait continuer à apprendre en autodidacte et un jour quelqu’un allait forcément me donner ma chance. Donc je me suis promis de rien lâcher.

Enfant ou adolescent, étais tu déjà attiré par le métier que tu exerces maintenant ? Penses tu que ce que tu as vécu dans ton enfance-adolescence t’a aidé à avoir ensuite un parcours atypique, sans diplôme, ou pas du tout ?

Depuis que je suis gamin, j’adore le théâtre, le cinéma mais je ne savais pas que c’était un métier. Je pensais qu’on était destiné à travailler dans les usines, et que le cinéma n’était qu’un passe temps. À Chalon-sur-Saône, il n’y avait pas d’école qui proposait des diplômes dans ce milieu donc j’étais persuadé de ce que je pensais. Mais tant mieux, je pense que si je n’avais pas eu cette malchance d’être tombé dans ce milieu dès petit je n’aurais pas eu tous ces moments de galère et de doutes qui font ce que je suis aujourd’hui. «  le bonheur ne se trouve pas au sommet mais dans la façon de le gravir. - confusius »

À l’école, est ce que tu t’es senti bien conseillé en terme d’orientation d’études ?

Compliqué à dire parce que je pense que c’est difficile de diriger un enfant si lui même ne sait pas ce qu’il veut. Je pense que c’était encore trop tôt pour moi. On m’a conseillé dans ce que je voulais, mais la question est : qu’est-ce que je voulais réellement ?

Pour toi, comment sont vus les autodidactes en France ?

Je pense que les avis évoluent dans le bon sens, aujourd’hui on met en avant des personnes autodidactes qui réussissent, et on aide de plus en plus des personnes à se lancer dans l’autoentrepreneuriat donc c’est que cela devient de plus en plus positif mais il faut faire attention, on peut très vite s’emballer et ne pas tout maîtriser.

Un mot de la fin ?

Je ne cesse jamais de me remette en question, le monde évolue et je pense qu’il faut s’adapter pour sortir du lot. Rien n’est acquis, on peut tout perdre du jour au lendemain si on cesse de travailler. Cette année j’ai comme objectif de réaliser mon premier court métrage professionnel avec une équipe constituée de jeunes de ma ville que je formerai, c’est une fierté. Donc même si rien n’est acquis soyez toujours fier de ce que vous accomplissez chaque jour ! Soyez reconnaissant, remerciez ceux qui vous aident, ceux qui vous critiquent !