Réalisatrice

Fannie Plessis

Réalisatrice

Paris

Fannie Plessis - Les Autodidactes
Credit: Lisa Lesourd

Fannie Plessis a commencé par des études de sociologie et a travaillé dans ce domaine, pour finalement apprendre la réalisation en autodidacte quelques années plus tard. Elle créé Bali Productions et réalise plusieurs courts métrages. Un parcours très riche, même si parfois elle aurait aimé faire plus de stages, recevoir plus de subventions : des aides qui nécessitent souvent d'être passé par une école de cinéma reconnue par l'État. Une réalité dont on parle peu mais qui existe pour beaucoup d'autodidactes dans ce domaine. Fannie est pourtant très optimiste et si c'était à refaire elle plaquerait à nouveau la sociologie et ne changerait rien à son parcours. Pour elle, il faut s'écouter et foncer.
Elle nous raconte.

Hello Fannie. Tu as changé de voie pour te lancer dans le cinéma, pourrais tu te présenter ? Quel est ton parcours?

Hello ! J’ai 31 ans, j’ai grandi à Paris et fait mes études à la Sorbonne en Sociologie. J’ai ensuite travaillé à l’INED (institut national d’études démographiques) pendant près de 4 ans en tant qu’ingénieure d’études. Je travaillais essentiellement sur des enquêtes concernant les populations vulnérables (sans-domicile, migrants…) J’ai quitté ce job en 2014 pour me consacrer au cinéma.

A quel niveau d’études t’es tu arrêtée ? Qu’est-ce qui t’a poussée à être autodidacte dans le cinéma ?

J’ai fait 5 ans d’études à l’université, j’ai arrêté après l’obtention de mon Master 2 en Socio. Après avoir quitté mon premier travail je n’avais pas envie de recommencer des études, j’ai tout de suite commencé à bosser sur des tournages bénévoles en suivant des cours du soir en parallèle.

Quels sont, selon toi, les aspects positifs et négatifs à ne pas avoir fait d’école de cinéma ?

Selon moi, l’atout principal de ne pas sortir d’une école de cinéma ou d’avoir suivi des cours est de pouvoir appréhender une approche cinématographique sans carcan, d’aborder l’écriture et la réalisation d’un angle moins académique. Le gros point négatif est le manque de légitimité lorsqu’on ne vient pas d’une formation en ciné, il faut en permanence justifier son parcours et ses démarches artistiques.

Par rapport à ceux qui sont sortis de grandes écoles, est ce que tu t’es sentie en décalage, à un moment donné de ta vie, ou, au contraire, pas du tout ?

Je me sens en décalage avec certaines personnes qui sortent tout juste d’école et qui n’ont jamais fait d’autres formations. Je me suis parfois retrouvée confrontée à des personnes qui avaient une formation très théorique et au final moins de maturité dans leurs intentions. Je travaille plus souvent avec des gens un peu « touche-à-tout » qui ont des parcours variés.

Y a-t-il eu un événement marquant / un déclic / l’aide d’une personne (…), qui t’a permis de te lancer dans ce que tu fais aujourd’hui ?

Lorsque j’ai décidé de quitter mon travail en sociologie, une amie m’a proposé de réaliser un court-métrage dont elle venait de terminer l’écriture, je me suis donc tout de suite lancée dans un projet, j’ai pu rencontrer plein de techniciens à cette occasion et j’ai enchaîné les tournages dans la foulée. C’était une super opportunité !

En tant qu’autodidacte, est ce que tu as déjà eu la sensation de t’être lancée dans quelque chose de vertigineux/ambitieux, justement, pour pallier au manque de diplôme ?

Je pense qu’au début, je me suis un peu précipitée pour réaliser mon premier film, je voulais le faire assez rapidement et je n’avais pas pris la mesure de l’ampleur du travail que représente une semaine de tournage et surtout le gouffre financier, même pour un court-métrage autoproduit.

Est ce qu’il y a quelque chose que tu n’as pas pu faire à cause du manque de diplôme ?

Oui. Lorsque j’ai débuté, j’aurais aimé faire des résidences d’écriture ou des formations, des demandes de subventions etc. Et généralement le problème est toujours le même, il faut être issu d’une formation de ciné, ou justifier de premières expériences de réalisation, avoir été produit; c’est le cercle vicieux de la « première expérience demandée ».

Enfant ou adolescente, étais tu déjà attirée par le métier que tu exerces maintenant ? Penses tu que ce que tu as vécu dans ton enfance-adolescence t’a aidé à avoir ensuite un parcours atypique, sans diplôme, ou pas du tout ?

J’ai toujours passé beaucoup de temps au cinéma, je suivais des cours de Philo-cinéma au lycée, mais je n’avais pas pensé que ça pouvait être un outil de travail et d’expression, du moins pour moi. Lorsque j’ai pensé à réaliser un premier film c’est devenu complètement évident et cohérent pour moi que le cinéma soit l’aboutissement de mon parcours.

A l’école, est ce que tu t’es sentie bien conseillée en terme d’orientation d’études ?

Je n’ai aucun souvenir de rencontres avec des conseillers d’orientation. Je voulais dès le collège faire des études en ethnologie et sociologie, on m’a suggéré d’aller en filière ES, les cours d’économie et de maths ne m’intéressaient pas, j’ai passé un bac littéraire et continué en fac de socio.

Pour toi, comment sont vus les autodidactes en France ?

Je pense qu’en France perdure une « culture du diplôme », dans tout milieu c’est assez compliqué de faire son chemin sans diplôme, même si le diplôme en soi n’est pas important, c’est un problème de ne pas en avoir. C’est un obstacle qui me semble plus surmontable dans le milieu artistique, même si ça reste un frein majeur à la concrétisation de projets ciné (trouver des productions, demandes d’aides etc.)

Un mot de la fin ?

Foncez ! Clairement, si c’était à refaire je le referais sans hésiter ! C’est important de faire bouger l’ordre établi des choses. Et longue vie au projet des Autodidactes ☺ Je travaille en ce moment sur un docu familial et un court-métrage de fiction sur le catfishing (usurpateurs d’identité sur internet).