Monteur

Maxime Tissot

Monteur, scénariste, réalisateur

Paris

Maxime Tissot - Les Autodidactes

Maxime Tissot est monteur, scénariste et réalisateur. Il se destinait à entrer dans l’Armée de l’air et c’est finalement dans l’audiovisuel qu’il trouvera sa voix. Maxime est un grand curieux, après un BTS audiovisuel, il continue d’apprendre en apprenant seul et aussi en effectuant plusieurs formations professionnelles.
Il nous raconte.

Hello Maxime, tu es monteur, scénariste et réalisateur. On te laisse te présenter ? Quel est ton parcours ?

Depuis tout petit jusqu'à mes 19 ans, j'ai toujours voulu faire pilote d'avions de chasse. À 19 ans, mon grand-père est mort et plusieurs choses ont fait que j'ai remis en question beaucoup de croyances et d'acquis, dont ma projection professionnelle. Je me suis posé, j'ai douté et une discussion avec ma mère a définitivement fait basculer ma vie : j'ai décidé de devenir réalisateur. Sauf que je ne voyais aucune possibilité pour faire une école de cinéma avec juste un Bac en poche, surtout à Marseille. Je venais de commencer une Fac de sport pour me préparer aux tests de l'Armée de l'air. J'ai stoppé mon année universitaire après 4 mois pour utiliser mon temps à apprendre le maximum possible sur le cinéma au travers de lectures, films, vidéos etc. Mon plan était le suivant : trouver une école près de chez moi, réussir mon entrée et décrocher un BTS pour ensuite intégrer une école de cinéma de réalisation à Paris. J'ai hésité entre image et montage avant de choisir le montage pour avoir du recul sur la création filmique, plus de connaissances et un pouvoir décisionnel plus influent. En attendant mes résultats de BTS j'ai passé les concours de Louis Lumière et La Fémis. Je n'ai été reçu à aucune des deux écoles mais avec mon BTS en poche, j'ai tenté ma chance à Paris. J'ai donc dû passer au plan B : y aller le couteau entre les dents. En résumé, j'ai été assistant-monteur puis monteur. Mon expérience va du court-métrage expérimental au long-métrage international, en live action et animation, j'ai travaillé sur des docu, de l'institutionnel, des émissions télé, clips, pubs etc. À côté, je me forme dès que je peux grâce à l'Afdas. J'ai effectué des formations de scénariste, directeur d'acteurs et réalisateur. 1 court-métrage à mon actif et plusieurs autres projets hybrides pour lesquels j'ai assuré la réalisation, l'écriture et/ou le montage. Aujourd'hui je continue de travailler pour CANAL+ en tant que monteur, j'écris un court-métrage dans un atelier d'écriture associatif et je continue de lire, participer à des masterclass, des festivals, des projections, séminaires etc. avant de retourner en formation de réal et ensuite en stage.

À l’école, enfant et adolescent, est-ce que tu t’es senti bien conseillé en terme d’orientation d’études ?

La question ne se posait pas vraiment parce que j'étais déterminé à intégrer l'Armée. J'ai d'ailleurs été réserviste pour la Gendarmerie Nationale pendant 3 ans. Cela dit, je pense que c'est extrêmement complexe d'orienter quelqu'un d'aussi jeune et inexpérimenté qu'un adolescent ou un enfant. Les outils que j'avais à disposition étaient la bibliothèque de l'école, la conseillère d'orientation, les salons de l’Étudiant etc. J'ai tout fait mais en réalité je me suis dirigé ailleurs donc... Pour ma part, je ne crois pas qu'il y ai eu un défaut des institutions - parce que j'ai suivi le cursus logique pour moi, Scientifique option Sciences de l'Ingénieur - mais plus un changement personnel profond, une révélation, en somme.

À quel niveau d’études t’es tu arrêté ?

BTS Audiovisuel option Montage et Postproduction (en sachant que ma dernière formation va me permettre d'obtenir un diplôme de niveau II donc Bac+3 à l'issue)

Quels sont les aspects positifs et négatifs à avoir fait des études par rapport au métier que tu pratique aujourd’hui ?

Positif : Ma capacité à raisonner (études scientifiques), mes compétences et connaissances techniques (BTS).
Négatif : l’incompatibilité des cursus ou l'illisibilité des filières mais aussi le prix exorbitant des études de cinéma !

Est-ce qu'il y a des choses que tu n’aurais pas pu faire sans ton diplôme ?

J'ai du mal à mesurer cet impact parce que j'ai l'impression que personne n'a jamais vraiment regardé mon CV (en tout cas, ceux qui m'ont embauché). Par contre sans BTS je n'aurais jamais pu me servir d'un logiciel de montage comme je le fais aujourd'hui. J'aurais pu me débrouiller tout seul mais pas aussi bien, pas aussi rapidement et pas avec autant d'assurance.

Peut-on, au final, avoir fait une école, mais quand même se sentir autodidacte en apprenant et en pratiquant sur le terrain en dehors de l’enseignement classique ?

Totalement, c'est mon cas ! Parce que l'école apprend une base mais tout ce qui se construit dessus, j'ai le sentiment de l'avoir fait en grande partie tout seul, avec l'expérience. Là je parle de mon objectif de réalisation. C'est tellement immense et vaste qu'une école ne peut suffire. Y'a beaucoup, beaucoup d'efforts à fournir dans tous les sens, tout le temps.

Quelle est, pour toi, la définition d’être autodidacte ?

Un esprit libre, curieux, passionné.

Si c'était à refaire, est ce que tu referais le même parcours scolaire ? Tu irais plus loin dans les études ? Ou est ce que tu t’arrêterais plus tôt dans tes études pour directement apprendre sur le terrain ?

Bonne question. J'aurais voulu mettre les pieds dans le cinéma plus tôt mais je pense que j'aurais été trop perché, trop hors-sol. Je suis fier de mon parcours parce qu'il sort des sentiers battus et que j'ai plusieurs cordes à mon arc, c'est une vrai richesse, surtout vers là où je me dirige ; ce sont encore des compétences sous-exploitées ou immergées.

Rencontres-tu souvent des autodidactes dans ton milieu (qui ont quitté l’école avant le Bac ou niveau Bac) ? Ou au contraire, croises-tu plus souvent des gens qui sont passés par des écoles (post Bac) ?

Je ne parle pas vraiment des cursus pré-bac parce que tout le monde a à peu près le même bagage. De toute façon qu'on ait fait S ou L, le résultat est qu'on est pas plus ou moins compétent pour parler cinéma parce que c'est un art technique. Donc tout le monde s'y retrouve. Honnêtement la plupart des gens que je croise ont fait des écoles de cinéma privées et chères. Par contre, ce que je peux constater c'est que les plus grands cinéastes ne sont pas ceux qui ont fait les études les plus brillantes (même s'il y en a) mais ceux qui avaient quelque chose de brûlant à dire. Du vécu, un angle et une manière singulière de le dire.

Pour toi, comment sont vus les autodidactes en France ?

Je crois qu'on a le privilège de faire un peu ce qu'on veut, même si ça passe par quelques préjugés ou une certaine incertitude de stabilité et des sacrifices personnels. Notre système est quand même exceptionnel, je trouve. Les autodidactes sont vus comme ce que nous sommes, des marginaux. Ça a ses bons et moins bons côtés. ;)

Quelles sont tes sources d’inspirations ?

Franchement, tout. Juste côté cinéma contemporain, sinon je vais y passer des heures, Östlund, Noé, Dupieux, Audiard, Haneke, Winding Refn, Garrone, Sorrentino, Nolan, et beaucoup, beaucoup d'autres choses. Plus ça va et plus je regarde au-delà des disciplines artistiques pour façonner des œuvres transversales. C'est mon but, je dis pas que j'y suis arrivé encore mais mon processus de création est assez long et passe par plusieurs étapes d'apprentissage. Je passe toujours par le classique, c'est chiant, c'est vu 1000 fois mais j'en suis encore là. Pour le moment.

Un mot de la fin ?

Je n'ai pas grand chose à vous dévoiler ici. Par contre j'ai hâte de vous en montrer plus, ça c'est clair.