Head of sales

Yannick Ichane

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Paris

Yannick Ichane - Les Autodidactes

Yannick est un touche à tout, animé d’une soif d’apprendre. Attiré par le milieu des médias, il accompagne le lancement d’NRJ depuis son île, l’Île de la Réunion. Arrivé en métropole, il fait partie de l’équipe de lancement des skyblogs et participe à la révolution du streaming musical au sein de l’équipe Deezer. Fort de ses expériences, il relève aujourd’hui un nouveau défi avec le projet GEEV, une plateforme d’entraide avec une démarche éco-responsable. Il nous raconte son parcours où le résultat compte plus que le diplôme.

Hello Yannick, tu es head of sales, une profession que tu as apprise sur le terrain. Pourrais tu te présenter ? Quel est ton parcours ?

Je suis Yannick Ichane et je suis né sur l’Ile de la Réunion. J’ai toujours eu une facilité à converser et ma mère a toujours tenu à ce que je sois un bon orateur. Donc naturellement cela a fait de moi un bon communiquant et une carrière toute tracée dans la vente. Après un bac + 2, je décide de quitter mon île pour me rendre en Angleterre. J’y reste 6 jours au lieu des 6 mois prévus…et je décide de poser mes valises à Paris. En attendant la prochaine rentrée scolaire, je travaille pour subvenir a mes besoins…je casse des patinoires à la masse, j’apprends à poser du parquet flottant, je livre des pizzas à mobylette, je sers de la nourriture au parc Disney, et je suis vendeur de chaussures et de rollers dans des magasins spécialisés.

À quel niveau d’études t’es tu arrêté ? Qu’est ce qui t’a poussé à être autodidacte ?

Apres mon BTS, je fais une spécialisation marketing et communication et je finalise par une licence information et communication à Paris 13. Mais pour moi cela n’a aucun sens…si ce n’est d’accumuler des diplômes ! C’est la vie qui m’a poussé à devenir autodidacte et de manière très naturelle. J’ai commencé le digital à un moment où les diplômes ne voulaient rien dire…Tu faisais HEC ou BTS, tu commençais au même point… Bon ils devaient certainement avoir une meilleure paye que moi mais nous étions tous au même niveau à cette époque.

Quels ont été les aspects positifs et les aspects négatifs que tu as pu rencontrer dans ton parcours, en tant qu’autodidacte ?

L’aspect positif fut quand même de pouvoir toucher à tout ! J’ai évolué dans un monde très technique entre les graphistes et les développeurs. Et ça me plaisait. La polyvalence était de rigueur et cela te permettait d’aborder chaque journée comme un nouveau défi à relever.
L’aspect négatif c’est que je n’entrais pas dans les codes. Certaines personnes veulent embaucher des gens qui leur ressemblent, qui s’habillent comme eux, qui parlent comme eux, ou qui on fait les mêmes études qu’eux…et même si sur un intitulé de poste on t’écrit « le diplôme n’a aucune valeur », dans les faits c’est faux. J’ai eu la chance de toujours trouver des managers pour qui l’humain était plus important et je leur serais reconnaissant à vie.
Avec le recul, j’ai vu beaucoup de personnes, ayant suivi un parcours classique, arriver avec tout le savoir qu’ils avaient appris à l’école et le déverser sur la table. Mais il arrivait souvent que face à la réalité du terrain, leurs acquis ne correspondaient pas forcément aux attentes. Ils avaient une méthode mais il manquait ce petit quelque chose… Quand tu es autodidacte tu as (excusez-moi l’expression) les crocs ! La première qualité est pour moi l’envie d’apprendre. Il faut être humble pour se dire que tous les jours on peut apprendre quelque chose de nouveau et cela même du petit stagiaire qui vient d’arriver. Ensuite je pense qu’il faut être fort mentalement pour accepter les critiques et avancer avec cela. C’est ce qui me fait personnellement évoluer… Je dis toujours : « Ne me dites pas là où je suis bon! Montrez-moi mes erreurs et mes zones d’améliorations, critiquez-moi, jugez-moi, cela me rendra plus fort car j’apprendrais de mes faiblesses »

Quels sont, selon toi, les aspects positifs et négatifs à ne pas avoir fait d’école dans ton domaine ? Est ce qu’il y a des écoles reconnues par l’Etat dans ton domaine, ou pas tant que ça ?

Malheureusement, on parle pour moi (merde je suis vieux) de deux époques. Moi j’ai grandi avec caramail, j’ai eu la chance de participer au lancement des skyblogs et surtout avec l’équipe de Deezer, nous avons révolutionné le monde de la musique… Le streaming musical légal n’existait pas avant notre arrivée. Donc il n’y avait pas d’école pour travailler dans notre domaine… On aimait, on se lançait dans l’aventure et si on était bon, on restait... Je n’ai pas ressenti de point positif ou négatif sur mon domaine, la vente dans le digital. Mais aujourd’hui, j’assiste à une gentrification de notre milieu… on demande des diplômes, des écoles de commerces voir des grandes écoles. Et je trouve cela tellement dommage. Il y a tellement de profil qu’on laisse à la trappe juste parce que c’est écrit BTS, université, ou bac...

Y a-t-il eu un événement marquant / un déclic / l’aide d’une personne (…), qui t’a permis de te lancer dans ce que tu fais aujourd’hui ?

J’ai une profonde conviction…on n’est rien sans une aide extérieure ! Et pour moi Tristan Rachline aura toujours mon plus profond respect. Alors que j’ai gravi les échelons, c’est le seul à m’avoir donné ma chance. Je me suis vraiment cassé en douze pour avoir cette promotion, et quand il me la proposée, j’étais vraiment fier de moi. Il ne le sait pas, mais j’ai un tel profond respect pour lui que sur la fin, on m’a proposé son poste et j’ai refusé car c’est une question de loyauté, ou de karma (prenez-le comme vous voulez) !

En tant qu’autodidacte, est-ce que tu as déjà eu la sensation de t’être lancé dans quelque chose de vertigineux/ambitieux, justement, pour pallier au manque de diplômes ?

J’ose tout et j’insiste pour que mes équipes le fassent aussi! Tous les jours je me dis que je ne suis pas à ma place, tous les jours je me dis que je vais là où les autres ne sont pas encore allés, tous les jours je me mets en danger…et tous les jours je me dis que je vais me planter mais j’adore ça ! Je suis de la génération test & learn... Ça marche tant mieux, ça ne marche pas on zappe et on passe à autre chose. J’ai de la chance que dans mon domaine, la seule chose qu’on regarde c’est l’argent que tu ramènes... Je fais donc en sorte de toujours ramener un budget associé à mes projets... Money rules the world...

Est-ce qu’il y a quelque chose que tu n’as pas pu faire à cause du manque de diplômes ?

Non je ne veux pas me cantonner à un diplôme ou à un manque de diplôme. Pour moi ce serait prendre comme exemple ma couleur de peau pour justifier la lenteur de mon évolution. Cela n’a aucun sens. A un moment donné, si tu es bon, tu seras traité à ta juste valeur. Si tu es moins performant, en aucun cas tu ne pourras trouver des excuses.

Enfant ou adolescent, étais tu déjà attiré par le métier que tu exerces maintenant ?

Je viens de l’île de la Réunion… Donc tout est atypique pour un mec venant des îles. Mais j’ai toujours été attiré par les médias et le fait d’avoir accompagné le lancement de NRJ à la Réunion m’a donné un gout certain pour cet univers.

À l’école, est-ce que tu t’es senti bien conseillé en terme d’orientation d’études ?

Mais jamais de la vie. Quand un professeur doute de tes capacités, tu dois avoir envie d’en faire 1000 fois plus, juste pour le plaisir de lui montrer qu’il a tort ! Et j’ai toujours (Dieu merci) réussi à prouver le contraire. Après je ne peux en vouloir aux conseillers d’orientation... Ils ne peuvent faire du cas par cas ! Ils pensent que, à nous de prouver qu’ils ont tort...

Pour toi, comment sont vus les autodidactes en France ?

Dans mon métier, ils ne sont pas vus comme autodidactes…ou ils sont bons et on leur demandera d’en faire encore plus. Ou ils sont moins bons... Et cela prouve qu’ils n’ont pas donné le meilleur d’eux même et donc on ne leur fait pas de cadeaux ! Mais j’ai déjà vu des « autodidactes » péter un câble sur les soi-disant diplômés ! Je t’avoue que j’en ris ;)

Un mot de la fin ?

Quand tu représentes un produit, tu y mets ta personnalité, ton être, ton moi... Aujourd’hui je relève un nouveau défi auquel je crois réellement. GEEV est une plateforme qui permet à chacun d’entre nous de pouvoir aider les autres en donnant simplement des objets qui ne nous servent à rien. Au lieu de jeter, nous redonnons une deuxième vie aux objets et avons une démarche éco-responsable face à notre planète terre. Ce projet s’inscrit naturellement dans un projet de vie, et même si j’ai eu à date quelques propositions avec une meilleure rémunération, je les ai refusées car j’ai vraiment envie de donner le meilleur de moi-même pour faire en sorte que ce projet soit un succès...