Vincent Frc
Photographe, Vidéaste
Paris, Munich
Vincent a suivi des études jusqu’en licence d’architecture. À cette même époque, passionné d’images il prend des photos pour le plaisir et sa curiosité le pousse à continuer dans cette voie. Aujourd’hui, Vincent est photographe et vidéaste. Il a appris seul, en pratiquant, en regardant des vidéos, en lisant des livres. Retour sur le parcours d’un passionné.
Salut Vincent, tu es photographe et vidéaste, des métiers que tu as appris tout seul. On te laisse te présenter ? Quel est ton parcours ?
Je m’appelle Vincent j’ai 27 ans et je vis de ma passion, la photographie et la videographie. Pour être assez rapide dans ma présentation, j’ai commencé par faire des photos de flaques d’eau dans la rue en hiver pour passer le temps (2012), et aujourd’hui je travaille à mon compte pour des agences de Design (en Allemagne notamment), j’ai beaucoup de demande en mariage/événementiel/corporate/tourisme. J’ai des projets avec des artistes (danseurs/chanteurs), et des projets plus personnels. De quoi travailler sans dormir pendant un moment, et j’en suis très heureux !
Quelle est, pour toi, la définition d’être autodidacte ?
C’est d’abord une fierté, parce que ça demande de s’extraire d’un système de pensée qui fait qu’on pense instinctivement qu’on ne peut pas réussir à réaliser nos rêves. Alors, d’avoir dépassé et changé ça dans ma vie, j’en suis très content.
Pour être plus pragmatique, être Autodidacte pour moi c’est d’abord savoir écouter cette voix qui nous dit quoi faire et qu’on laisse trop souvent de côté, lui faire confiance chaque jour, et chaque jour réaliser/faire quelque chose qui donne raison à cette petite voix, qui finalement est simplement notre ambition profonde. Etre autodidacte c’est savoir se dire : “Bon le chemin normal ca devrait être ça, du coup je vais faire autrement”. C’est peut être avoir peur d’être comme tout le monde, il y a vraiment l’idée d’une volonté de s’extraire de quelque chose pour atteindre un objectif réel et précis qui fera qu’on pourra enfin se définir au travers d’une passion.
Aujourd’hui, les questions que je me pose pourraient être : “Comment je pourrai essayer de développer mon Art encore plus, aller plus loin, partager mes valeurs plus largement et proposer quelque chose au monde?”
Quand je faisais des photos de flaques d’eau, je culpabilisais d'utiliser un appareil photo qui n’était pas le mien, et de passer mon temps à faire ces photos “sans importance”.
À quel niveau d’études t’es tu arrêté ? Qu’est ce qui t’a poussé à être autodidacte dans ton milieu ? C’est un vrai choix au final ?
En même temps que je continuais de developper cette passion, j’ai décidé de reprendre des études en architecture, j’ai donc un BTS en Design d’espace et je suis diplômé d’une licence d’architecture d’une école parisienne.
Ce qui m’a poussé à être autodidacte dans le milieu de la photo ? Je ne pense pas que l’on puisse choisir de l’être en sens strict du terme. On choisit de donner son temps à quelque chose qui nous passionne. Le temps fait qu’on devient autodidacte, mais ce n’est pas un objectif en soi.
Comment as tu fait pour apprendre seul ?
CURIOSITÉ. C’est le maitre mot. Quand tu as cette curiosité, tu mets un peu de rigueur à la satisfaire, tu peux apprendre très vite. Je me souviens qu’à l’école, si quelque chose m’ennuyait j’avais vraiment du mal à me projeter et à chercher le comment du pourquoi, bref je m’en fichais pour faire simple.
Grace à la photo j’ai découvert qu’en fait, j’avais cette curiosité et cette envie d’apprendre. Ça a révélé en moi, une sorte de boulimie d’apprendre que je n’avais jamais connue. Alors, dès que j’avais une question il fallait que je puisse y répondre.
J’ai appris en faisant, en regardant des émissions, des reportages, en discutant, et aussi c’est vrai… En allant dans un centre commercial et en lisant tous les livres sans jamais les acheter !
Quels sont les aspects positifs et négatifs que tu as ou que tu rencontres quotidiennement dans ton parcours, en tant qu’autodidacte ?
Les aspects positifs. C’est clairement que j’ai l’impression de travailler sur moi-même et pour moi-même chaque jour. Mon travail est au service d’une compréhension de moi-même parce que j’explore des thèmes qui me passionnent, je gagne de l’argent avec ce qui me permet aussi de vivre et profiter de la vie. Ce cercle vertueux est difficile et long à mettre en place, mais une fois le process compris, c’est une chance de pouvoir vivre cette sensation. On a qu’une envie, c’est de voir tous ceux qui aimeraient faire de même, le faire aussi ! Autodidacte ça résonne avec passion et ça, ça se partage.
La principale difficulté, c’est de jongler entre les images que tu renvoies. Entre les personnes qui adorent ce que tu fais, et tous ceux qui ont fait des écoles etc… qui ont du mal à accepter que quelqu’un qui n’a pas fait d’école soit “légitime”.
J’ai fait des études d’architecture, imaginons que l’une des personnes qui a fait une école de photo/video m’invite à visiter sa maison, je vais m’y projeter dedans immédiatement grâce à mes connaissances et mon savoir faire.
Mais pour autant, je vais immédiatement chercher à comprendre sa logique de construction, d’arrangement des espaces, et je n’ai pas besoin de demander à cette personne si elle a un diplôme. Elle a déjà un cerveau, deux bras et deux jambes. Je crois que ça suffit pour faire ce qu’on a envie de faire. Dans l’autodidaxie, les diplômes sont les choses que tu réalises. C’est à dire, quelle force as tu pour rendre les idées que tu as en tête, concrètes ?
Une sorte de solitude un peu parfois aussi. Il faut garder le cap en ayant conscience de ses forces et ses faiblesses et savoir quand, où et comment les utiliser.
Est-ce qu'il y a des choses que tu n’aurais pas pu faire sans ton diplôme ?
Avoir confiance je pense. Même si ce n’est pas le même domaine, j’étais en fait assez bloqué car je pensais avoir un esprit créatif mais je n’en étais pas très sur. Les études en architecture m’ont permis de débloquer ça, de me donner confiance en ma capacité de transformer mes “idées” en “construction”. Ça a été très important pour moi, d’autant plus que j’étais en école supérieure et que j’avais de meilleures notes qu’au lycée.
Peut-on, au final, avoir fait une école, mais quand même se sentir autodidacte en apprenant et en pratiquant sur le terrain en dehors de l’enseignement classique ?
Oui. Et en école d’architecture j’avais un très bon professeur qui disait : “Même si vous faites une école d’architecture, vous devez être autodidacte.” Pour moi ça voulait dire que l’école nous donnait les bases, et que l’architecture que l’on voulait créer se trouvait deja en nous. En quelque sorte qu’il fallait qu’on se découvre nous-mêmes. Quand on part de ce constat, tout est possible dans n’importe quel domaine.
Enfant ou adolescent, étais tu déjà attiré par le métier que tu exerces maintenant ?
Oui, je ne vais pas faire le discours habituel de “mon grand père avait un appareil photo...”. Déjà parce que c’est faux, et ensuite parce que je me souviens de la première fois que j’ai ressenti ce que je pourrais aujourd’hui appeler “plénitude”, c’était en cours d’allemand en 4eme lorsque j’ai montré à la classe mes photos de notre voyage scolaire.
J’ai aussi ennuyé mon frère toute sa vie pour faire des videos avec lui, il ne voulait jamais, je devais trouver des stratagèmes pour l’amener dans mon univers, et finalement on rigolait beaucoup.
Penses-tu que ce que tu as vécu dans ton enfance-adolescence t’a aidé à avoir ensuite un parcours atypique, ou pas du tout ?
Je pense avoir eu une enfance très bien. Je retiens simplement comme des slogans deux phrases :
Ma mère : “Ecoute ce qu’il y a au fond de toi”
Mon grand père : “Tu vas finir cantonnier si tu ne travailles pas à l’école »
On va dire que j'ai mixé les deux, j'ai travaillé au fond de moi.
À l’école, est-ce que tu t’es senti bien conseillé en terme d’orientation d’études ?
Je donnerai la même réponse que 150% des élèves en France. Evidement que... non.
Evidemment les conseillers d'orientation sont des personnes qui ont une mission, remplir les filières pour contenter une certaine stabilité économique du pays. S’ils étaient là pour nous aider à révéler notre potentiel, on les appellerai "révélateur de potentiel" ou "coach d'épanouissement". Mais ils sont conseiller d'orientation. Next.
Pour toi, comment sont vus les autodidactes en France ?
Je ne sais pas je n'ai pas assez de recul pour parler à l'échelle du pays. J'ai donné mon point de vue un peu plus haut peut être que c'est une partie de la réponse.
Un mot de la fin ?
La vie et les expériences de vie sont de très bons scénaristes, j'écris beaucoup, je réfléchis, il ne serait pas étonnant qu'un projet personnel voit le jour dans un futur plus ou moins proche. En attendant je partage mes photos de voyage et mes pensées sur mon compte Instagram : Vincent Frc - Far Away