Ramzi Saibi
Calligraphe, Street Artist
Paris
Ramzi Saibi dit RamZ est un calligraphe autodidacte, il a créé sa propre forme de calligraphie, mêlant la calligraphie arabe et le graffiti. Après des études en relations internationales, c’est dans le milieu de l’art qu’il se sent le mieux.
Salut Ramzi. Tu es Calligraphe et Street Artist On te laisse te présenter ? Quel est ton parcours?
Je m’appelle Ramzi SAIBI alias « RamZ » et je suis né à Paris. La particularité de mon art est la fusion entre calligraphie arabe et graffiti, j’appelle ça du calligraffiti. Dès mon enfance, j’ai été attiré par les arts de manière générale et c’est lors de mes premiers voyages en Tunisie avec mes parents que je découvre la calligraphie arabe. A l’époque, je ne savais ni lire, ni écrire l’arabe, mais j’étais fasciné par la force esthétique des lettres. Il y a une très belle expression qui dit : « la calligraphie est l’image de la parole ». Nul besoin de lire la langue concernée pour pouvoir apprécier une calligraphie qu’elle soit en arabe, latin, hébreu ou chinois. Aujourd’hui j’expose en France, à l’étranger et réalise de nombreux projets mêlant ma discipline à d’autres formes d’art : mode, théâtre, photographie…
Quelle est, pour toi, la définition d’être autodidacte ?
Être autodidacte pour moi c’est apprendre et se former seul, tout en étant aussi compétent qu’une personne qui a suivi une formation à travers un schéma classique.
A quel niveau d’études t’es tu arrêté ? Qu’est ce qui t’a poussé à être autodidacte dans ton milieu ? C’est un vrai choix au final ?
J’ai toute de même terminé mes études et j’ai obtenu un Master professionnel en Coopération et Aide au Développement à l’INALCO (Paris). Etre autodidacte a été à la fois un choix par défaut car je n’avais pas les moyens pour me former à l’époque et c’est devenu un vrai choix par la suite quand j’ai pris conscience que je pouvais me former seul et ne dépendre de personne. Aujourd’hui, on me demande souvent quelle Ecole d’Art j’ai fait. Et bien aucune !
Comment as tu fait (ou fais tu) pour apprendre seul ?
Tout d’abord je me suis mis à travailler dans mon coin en essayant de reproduire les œuvres que je pouvais observer dans des ouvrages. J’ai ensuite rencontré plusieurs maîtres calligraphes qui m’ont beaucoup conseillé et c’est avec une partie d’entre eux que j’ai pris quelques cours… Mais par manque de moyens financiers, j’ai dû arrêter et j’ai continué à travailler seul en innovant et en faisant parfois rupture avec les règles que j’avais pu apprendre. J’ai ensuite introduit ma culture occidentale dans mon travail et l’idée de mêler la calligraphie au graffiti n’est autre que le reflet de ma double culture dont j’ai hérité et qui est pour moi une vraie richesse, une force. Ma première exposition a eu lieu en 2010, au Centre Musical Barbara à Paris.
Quels sont les aspects positifs et négatifs que tu as ou que tu rencontres quotidiennement dans ton parcours, en tant qu’autodidacte ?
Le fait d’être autodidacte est souvent mal perçu, on n’est souvent pas pris au sérieux. A mes débuts, le fait de ne pas savoir à qui m’adresser, ne pas savoir comment m’y prendre pour avancer a été un vrai problème. En étant autodidacte on est plus libre, on redouble d’efforts et lorsque des opportunités se présentent à toi et bien tu deviens inarrêtable. Tu finis par prendre conscience que ta pseudo « faiblesse » du fait que tu ne passes pas par un schéma classique, est en fait une véritable force.
Est-ce qu'il y a des choses que tu n’aurais pas pu faire sans ton diplôme ?
Mon diplôme m’a beaucoup apporté, mais pour être honnête, je n’ai pas vraiment eu besoin de ce dernier pour me former en tant qu’artiste.
Peut-on, au final, avoir fait une école, mais quand même se sentir autodidacte en apprenant et en pratiquant sur le terrain en dehors de l’enseignement classique ?
Oui je le pense et mon cas est un bon exemple.
Enfant ou adolescent, étais tu déjà attiré par le métier que tu exerces maintenant ?
A l’époque ce n’était qu’une passion et l’idée d’en faire un métier était impensable, surtout quand on te dit que la norme est de faire des études poussées pour réussir. C’était pour moi un rêve, quelque chose d’inconcevable car ce n’était pas commun. Mais il faut croire que certains rêves finissent par s’accomplir quand on y croit et quand on ne lâche rien.
Penses-tu que ce que tu as vécu dans ton enfance-adolescence t’a aidé à avoir ensuite un parcours atypique, ou pas du tout ?
Oui certainement. J’ai évoqué mes voyages en Tunisie, mon rapport à l’art déjà très jeune. Je pense aussi que ma double culture m’a beaucoup aidé et qu’elle m’a permis de m’affirmer dans ce que je fais aujourd’hui.
A l’école, est-ce que tu t’es senti bien conseillé en terme d’orientation d’études ?
Non pas vraiment. En réalité, je n’ai jamais su pourquoi je faisais des études, ni ce que je voulais vraiment faire comme métier car artiste ce n’était pas commun, ce n’était pas la norme. Plus jeune on n’ose pas le dire, on le garde pour soit de peur d’être incompris.
Pour toi, comment sont vus les autodidactes en France ?
Etre autodidacte en France est mal vu. On n’est pas vraiment pris au sérieux car ce n’est pas la norme. Pour faire tel métier, il faut tel diplôme. On est pas vraiment jugé selon nos compétences. Il y a des autodidactes plus compétents que des personnes diplômées dans le même domaine. Malheureusement, ce n’est que lorsqu’on réussi qu’on fini par s’intéresser à nous.
Un mot de la fin ?
Merci à vous de faire entendre la voix de ceux qui ont décidé de faire autrement et de donner envie à ceux qui hésite de se lancer. J’aimerai m’adresser à tous ceux qui ont une passion et qui aimeraient en faire leur métier. Ne lâchez rien et travaillez sans relâche en ayant foi en votre projet. N’écoutez pas ceux qui souhaiteront vous démotiver car ce sont ces mêmes personnes qui vous féliciteront lors de votre succès.