Producteur

Malec Démiaro

Producteur, Réalisateur, Scénariste

Paris

Malec Démiaro - Les Autodidactes

Malec Démiaro est un artiste-couteau suisse, dans la jungle, depuis des années. Il s’est préparé plusieurs fois, hardiment, aux concours de grandes écoles supérieures qu’il n'a jamais passé par autocensure ou peur de l'echec. Allant souvent très loin dans la préparation des concours, mais jamais jusqu’au bout. Ce n’est pas le talent qui manquait mais c’est ce « je ne sais quoi » de difficulté, qui fait que le chemin est plus complexe pour certains que pour d’autres. Producteur dévoué, réalisteur passionné, animé par cette fougue de « faire », Malec ne se décourage jamais, il apprend sur le terrain à devenir scénariste, réalisateur puis producteur. Contaminé par le cinéma, comme par une addiction dévorante, Malec n’hésite pas à prendre de gros risques afin de monter ses films sans aides publiques (courts, moyens et longs métrages) et de surcroît à produire des documentaires et des fictions pour d’autres réalisateurs-trices. Les mots de Malec sont ceux d’un passionné qu’on a vu transpirer sur des années de course.

Salut Malec. Tu es réalisateur et producteur de films, métiers que tu as appris sur le terrain. Pourrais tu te présenter ? Quel est ton parcours ?

30 ans, producteur fauché et réalisateur illégitime.

À quel niveau d’études t’es tu arrêté ? Qu’est ce qui t’a poussé à être autodidacte dans le cinéma ?

J'ai arrêté en L1 Histoire pour travailler mais j'ai squatté les cours magistraux de toutes les filières en sciences humaines par vengeance pendant deux ans. Concernant l’autodidaxie, je n’ai pas eu le choix, pas d'argent pour les "grandes écoles" privées ou pas le profil social pour entrer dans les "grandes écoles" publiques.

Quels sont, selon toi, les aspects positifs et négatifs à ne pas avoir fait d’école de cinéma ?

- Postif: combativité, débrouillardise, audace, risque, panache, pragmatisme, artisanat.
- Négatif: illégitimité, précarité décuplée, isolement, non maîtrise des codes, insécurité, en dehors de l'industrie.

Par rapport à ceux qui sont sortis de grandes écoles, est-ce que tu t’es senti en décalage, à un moment donné de ta vie, ou, au contraire, pas du tout ?

Il est rare de les croiser, généralement on les suit à travers les sélections, prix, subventions qu'ils ont et que vous n'aurez jamais. Je n'en connais pas beaucoup dans la vrai vie, 5,6. J'ai l'impression de parler de pokemons bref... Ce que je constate, c'est qu'ils ont du travail intéressant et aussi des facilités à en avoir régulièrement.

Y a-t-il eu un événement marquant / un déclic / l’aide d’une personne (...), qui t’a permis de te lancer dans ce que tu fais aujourd’hui ?

Les deux mon colonel! De moi, oui, certes, mais aussi d’un tas de personnes croisées qui m'ont donné envie sans le vouloir.

En tant qu’autodidacte, est ce que tu as déjà eu la sensation de t’être lancé dans quelque chose de vertigineux/ambitieux, justement, pour pallier au manque de diplômes ?

Oui régulièrement, car c'est une question de survie ! Pas forcément en pensant aux diplômes que je n'ai pas, mais surtout à l'argent qui en dépend, qui lui, me faisait/fait gravement défaut. Le diplôme c'est de l'argent, surtout de l'argent.

Est-ce qu’il y a quelque chose que tu n’as pas pu faire à cause du manque de diplômes ?

Ça fout le bazar dans tellement de situations, de contextes différents que ce n’est pas résumable, à part pour dire que ça empêche de vivre dignement.

Enfant ou adolescent, étais tu déjà attiré par le métier que tu exerces maintenant ? Penses-tu que ce que tu as vécu dans ton enfance-adolescence t’a aidé à avoir ensuite un parcours aty- pique, sans diplômes, ou pas du tout ?

Enfant non! Adolescent oui, mais ça me paraissait juste impossible car trop loin de la réalité sociale et économique de mon environnement d'origine. Ici, je ne sais pas si ce n’est pas la formulation inverse: ça ne m'a surtout pas aidé à avoir un parcours tranquille... Oui, on peut dire que ça m'a permis de ne jamais laisser tomber et de me battre même pour une vulgaire miette. D'improviser et de réussir à monter des projets sans budget.

A l’école, est-ce que tu t’es senti bien conseillé en terme d’orientation d’études ?

Jamais! Là aussi, le déterminisme social joue à fond. Je n'en veux à personne. Cependant il est vrai que c'est souvent la première des injustices que vit un individu avant même d’être adulte.

Pour toi, comment sont vus les autodidactes en France ?

On est Invisibles, je parle de ma génération ! En France, il y a une grande école pour chaque discipline. Et tu n'existes pas si tu ne l'as pas faite. Tu peux participer aux très rares tentatives d'ouvertures de certaines institutions, mais pour cela il te faut oublier qui tu es: ce qui est franchement impossible. Certains y arrivent, ils sont « moulables » à souhait. Pour ceux qui ne sont pas des gaufres c'est très compliqué...

« Dans la jungle, avec un petit couteau à beurre » ça te parle ?

Mdr..! Juste et triste à la fois. Je ne sais pas si c'est le petit couteau à beurre de l'autodidacte qu'il faut remplacer par une arme à feu ou bien si c’est le système, faussement meritocratico-égalitaire, des grandes écoles de la jungle, qu'il faut supprimer...?

Un mot de la fin ?

Il faut que nos technocrates changent de logiciel ! Par eux-mêmes ? Je n'y crois pas, il faudra donc les y forcer!