Auteur

Dyckson

Auteur

Paris

Dyckson - Les Autodidactes

Écrivain autodidacte, au parcours tenace, Dyckson a arrêté ses études pour se consacrer seul à l'écriture d'une pièce de théâtre, alors que des écoles et des formations d'écriture proposent de former des écrivains en France. Mais Dyckson a voulu entreprendre par lui-même car stagner dans sa vie n'est pas une chose qui lui parle. Selon lui, personne ne peut nous apprendre à faire quelque chose qu'on aime profondément. On se doit d'être son propre moteur. Un parcours atypique qui nous donne envie de croire qu'il y a plusieurs chances dans une vie d'études et dans une vie professionnelle.
Il temoigne.

Hello Dyckson. Tu es un vrai Maker et autodidacte, dans plusieurs domaines ! Pourrais tu te présenter ? Quel est ton parcours?

Alors je m’appelle Dyckson, j’habite à Paris depuis deux ans et deux ans avant ça j’ai grandi et habité en banlieue. Mon parcours est très particulier, j’ai entamé des études dans le domaine de la vente jusqu’au BEP que je n’ai pas obtenu ensuite. À la suite de ça je n’ai pas fait d’études pendant 4 ans. Durant cette période j’ai fait de la prison et des petits boulots à gauche, à droite. En 2013, j’ai passé un diplôme équivalent au bac pour pouvoir rentrer à la fac et j’ai donc intégré la Sorbonne en 2014 en licence de philosophie. Et il y a un an et demi j’ai décidé d’arrêter les cours pour me consacrer à l’écriture à 100% avec un bagage culturel et orthographique très léger mais qui n’était pas un obstacle pour moi.

A quel niveau d’études t’es tu arrêté ? Qu’est ce qui t’a poussé à être autodidacte dans l’écriture ?

C’est la passion pour les mots et l’envie de donner mes mots au monde qui m’a poussé à me lancer dans l’écriture et sachant que je n’avais pas fait d’études ou de formation dans ce domaine, le seul moyen pour moi de faire ce que je voulais était d’être autodidacte.

Quels ont été les aspects positifs et les aspects négatifs que tu as pu rencontrer dans ton parcours ?

Dans les aspects négatifs, il est compliqué d’obtenir une forme de reconnaissance dans un milieu où personne ne vous connait ou vous attend. Et que le choix même de faire ce parcours est difficilement compréhensible par la plupart des gens tant qu’il ne produit pas de résultats. Sauf que l’accès aux résultats voulu est difficile par le fait que très peu de gens vous donne un coup de main. Mais l’aspect positif est que ça forge le mental et humainement parlant toutes les rencontres qui ont compté pour moi, m’ont enrichi de façon inespérée.

Quels sont, selon toi, les aspects positifs et négatifs à ne pas avoir fait de grandes écoles/suivi les grands parcours classiques, qui sont rassurants pour les Institutions/les entreprises/les employeurs...

Déjà la réponse est dans la question : les institutions ne sont pas rassurées et du coup les portes se ferment plus facilement. Ajoutez à ça un manque de technicité qui pourrait être parfois bien utile et vous avez les côtés les plus négatifs. Ce qu’il y a de positif par contre c’est que vous développez une pensée et une créativité qui ne sont guidées/bridées par rien d’autre que vous. Surtout vous mettez à l’épreuve votre « débrouillardise » et ça, aucune école ne vous l’apprend.

Est ce que tu as déjà ressenti qu’un éditeur prenait plus au sérieux quelqu’un qui est passé par des schémas plus classiques et plus rassurants ?

Je n’ai pas encore eu à faire à un éditeur mais dans les milieux artistiques que j’ai pu côtoyer, notamment le théâtre, j’ai bien cru comprendre que le fait d’être passé par certaines institutions était souhaitable et fortement recommandé.

Par rapport à ceux qui sont sortis de grandes écoles, est ce que tu t’es senti en décalage, à un moment donné de ta vie, ou, au contraire, pas du tout ?

J’ai la chance de ne pas voir les autres, quel que soient leurs parcours, comme des références suprêmes donc je ne sens pas en décalages avec qui que soit je vois seulement des parcours différent du mien et ça a toujours été le cas.

Y a-t-il eu un événement marquant / un déclic / l’aide d’une personne (…), qui t’a permis de te lancer dans ce que tu fais aujourd’hui ?

C’est vraiment parti d’une réflexion intérieure, à un moment où je voyais que ma vie allait stagner dans quelque chose qui ne me correspondait pas vraiment. Mais je ne peux pas m’empêcher de relier mon parcours aux personnes qui m’ont soutenu/me soutiennent et m'ont permis de faire des rencontres afin d’évoluer comme je peux dans mon milieu.

En tant qu’autodidacte, est ce que tu as déjà eu la sensation de t’être lancé dans quelque chose de vertigineux/ambitieux, justement, pour pallier au manque de diplôme / pour pallier à ton parcours atypique ?

J’ai souvent l’impression que je dois faire quelque chose de grand dans ma pratique, comme si l’équivalent du diplôme pour moi était la réussite dans mon domaine. Cela me donne parfois un sentiment de vertige devant la montagne d’ambition pour atteindre la réussite absolue.

Est ce qu’il y a quelque chose que tu n’as pas pu faire à cause du manque de diplôme ?

J’ai une fois eu l’idée de rentrer dans une grande école mais il fallait passer par une prépa et c’était impossible pour moi au vu de mon âge et de mon dossier.

Enfant ou adolescent, étais tu déjà attiré par le métier que tu exerces maintenant ? Penses tu que ce que tu as vécu dans ton enfance-adolescence t’a aidé à avoir ensuite un parcours atypique, sans diplôme, ou pas du tout ?

Oui enfant j’écrivais déjà, j’ai toujours eu ça en moi je pense. Mon adolescence est absolument fondatrice dans ce que je suis aujourd’hui. Je ne changerai pas une virgule dans ma construction d’adulte puisque c’est le fondement de tout ce que je suis et c’est cela qui m’a guidé en tant qu’autodidacte. Mon courage d'avoir pris ce parcours vient de là.

A l’école, est ce que tu t’es senti bien conseillé en terme d’orientation d’études ?

Vraiment pas du tout, surtout quand j’ai repris mes études, il a vraiment fallu que je me débrouille seul et ça m’a même un peu surpris, je pensais que comme j’avais volontairement repris les cours, que j’aurais plus d’aide... mais ce ne fut pas le cas.

Pour toi, comment sont vus les autodidactes en France ?

J’ai l’impression que c’est une marge dans laquelle on reconnait du talent et du courage mais personne ne voudrait de notre vie paradoxalement.

Un mot de la fin ?

Je peux juste dire aux gens que s’ils n’ont pas peur de ce qu’ils aiment, alors rien n'empêche d’être autodidacte, personne ne pourra leur apprendre à faire une chose qu’ils aiment profondément.